ENTRETIEN AVEC NICOLAS IACOBELLI

“L’URBANISME TRANSITOIRE PERMET DE CRÉER DES LIENS LÀ OÙ ILS N’EXISTENT PLUS, DE RAMENER DE LA VIE ET DE L’ACTIVITÉ”

Nicolas Iacobelli est Responsable Aménagement et Planification Secteur Sud DGA Développement et transition écologique à l’Établissement Public Territorial (EPT) Grand Orly Seine Bièvre

Nicolas Iacobelli est Responsable Aménagement et Planification Secteur Sud DGA Développement et transition écologique à l’Établissement Public Territorial (EPT) Grand Orly Seine Bièvre
Nicolas Iacobelli est Responsable Aménagement et Planification Secteur Sud DGA Développement et transition écologique à l’Établissement Public Territorial (EPT) Grand Orly Seine Bièvre © CAUE91

Pourriez-vous, tout d’abord, expliciter cette notion d’urbanisme transitoire ?

Nicolas Iacobelli : Il s’agit d’une méthode expérimentale d’urbanisme pratiquée par les habitants et les usagers à une échelle locale. Elle consiste à utiliser des locaux et terrains désaffectés, jusqu’à la mise en oeuvre effective d’une opération d’aménagement. C’est un test qualitatif de nouveaux usages afin de s’assurer qu’ils sont adaptés au contexte local, et envisager leur pérennisation. L’urbanisme transitoire se démarque de l’urbanisme temporaire du fait de sa visée programmatique.

Pourquoi cette démarche faisait-elle sens pour l’îlot de la Ferme de Contin à Paray-Vieille-Poste ?

N.I : D’une part, parce que peu d’actions de ce type se déroulent en grande couronne. D’autre part, parce que l’implantation en diffus des bâtiments de la Ferme de Contin dans un tissu pavillonnaire oblige à la création de relations avec les riverains et empêche la création d’une sorte d’enclave, ce qu’on peut parfois reprocher aux opérations d’urbanisme transitoire. Bien que leurs difficultés soient moindres que celles des quartiers de grands ensembles ou des petites villes moyennes isolées, les banlieues pavillonnaires de nos métropoles connaissent malgré tout une déliquescence des liens sociaux et sociétaux. Cette opération avait pour objectif de recréer des liens entre les habitants.

Quels sont les résultats que vous avez pu observer jusqu’à présent ?

N.I : Les difficultés rencontrées dans le pilotage de l’opération d’urbanisme transitoire de la Ferme de Contin ont été nombreuses : la situation sanitaire, les confinements et couvre-feux successifs, ainsi que la difficulté à faire coopérer des structures de physionomie et à enjeux différents avec les habitants. Comme dans toute expérimentation, on connaît des réussites mais également des échecs, et ils doivent être acceptés comme enseignement dans un souci d’amélioration continue de nos pratiques professionnelles. L’association “Et toi tu fais quoi ?”, malgré des débuts prometteurs, va quitter la Ferme de Contin. Elle n’a pas su trouver le modèle économique qui lui permette de se pérenniser. Le Théâtre du Fil a en revanche totalement trouvé sa place. Il a su nouer des liens avec les habitants et la municipalité, et est devenu un acteur associatif important de la commune.

Retenez-vous un fait marquant de cette expérience à Paray-Vieille-Poste ?

N.I : L’engouement de la population pour le projet lors de la désignation des premiers lauréats.

L’outil urbanisme transitoire est-il assez connu, selon vous ? Pourrait-il, devrait-il être davantage utilisé par les collectivités ?

N.I : L’urbanisme transitoire est aujourd’hui un outil connu à Paris, en première couronne et dans les métropoles. Il y est utilisé avec succès. Ce n’est pas encore le cas en grande couronne, alors que cet outil permet de créer des liens là où ils n’existent plus, de ramener de la vie et de l’activité. L’EPT Grand Orly Seine Bièvre promeut son développement opérationnel à travers son projet de territoire.

En tant qu’urbaniste et responsable Aménagement et Planification, comment pourriez-vous décrire l’apport du CAUE ?

N.I : Le CAUE a permis de donner un second souffle à l’opération grâce à son action, notamment dans les démarches de concertation et le développement de partenariats fructueux avec le DSAA Alternatives Urbaines, l’institut Paris Région et la 27ème région. Les conseillères du CAUE ont su, grâce à leur dynamisme et leur inventivité, renforcer les liens entre les structures porteuses de projet et les habitants.

Et… votre mot de la fin ?

N.I : Expérimenter, c’est s’offrir la possibilité de réussir. Ne pas expérimenter, c’est la garantie d’échouer.

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