Lisbeth Caux est adjointe au maire en charge du scolaire et périscolaire, conseillère communautaire de Grand Paris Sud
Comment a germé le projet de cour Oasis de votre côté ?
Lisbeth Caux : L’idée d’une cour plus végétalisée m’est venue lors de mes dernières années d’enseignement. La chaleur arrivait de plus en plus tôt dans l’année et souvent, dès début juin, c'était l'étuve, nous ne pouvions plus sortir les élèves en récréation l’après-midi. Il nous arrivait de sortir le jet d’eau pour les rafraîchir.
En tant qu’élue, j’ai gardé cette idée. En 2021, il a fallu programmer la réfection des sols de la cour de l’école 4 saisons, le bitume était abîmé. Audrey Bossard, directrice générale adjointe des services, connaissait le CAUE et son expertise sur les cours Oasis grâce à un reportage télé. Contact a donc été pris avec le CAUE 91, pour nous faire accompagner sur la phase sensibilisation et concertation.
Votre demande de cour Oasis s'inscrivait aussi dans une démarche communale plus globale…
Oui, tout à fait. Monsieur le maire, Dominique Vérots, est très sensible au développement durable, et de nombreuses actions en ce sens sont mises en place dans la commune, en particulier dans les écoles. L'école Anne Franck, qui va ouvrir cet été 2024, est labellisée E3D (“école en démarche de développement durable”). Nos centres de loisirs proposent des ateliers jardinage, recyclage… Côté restauration scolaire, nous avons mis en place le tri des déchets et le self collaboratif, pour que les enfants soient acteurs du changement. Nous avons notamment créé un CMJ (Conseil municipal des jeunes).
Nous misons beaucoup sur la jeune génération pour réussir la transition et s’impliquer dans la politique de la ville. C’est en commençant avec les plus jeunes qu’on y arrivera. Et les sensibiliser à la biodiversité dès la maternelle avec une cour Oasis, où ils vivront mieux pendant les périodes chaudes, c'est un choix 100 % gagnant.
Parlez-nous de l’apport du CAUE 91…
Il a été à la hauteur de nos attentes. Les conseillers du CAUE nous ont d'abord présenté différents projets en cours d’utilisation. C'est surtout la démarche qui était intéressante, avec beaucoup de sensibilisation, de médiation, de concertation. Ils ont travaillé avec les enseignantes, les enfants, les parents et la mairie. Les enfants et les enseignantes ont été les premiers acteurs de la réalisation de leur cour Oasis. Le CAUE à également veillé à l’intégration de la cour dans le milieu naturel de la ville.
Qu'avez-vous trouvé particulièrement intéressant dans la démarche ?
Pour moi, c'était complètement nouveau de travailler autant dans la concertation. En tant qu'enseignante, je n'avais jamais été associée à une réflexion de ce type. J'étais très heureuse de voir cette intelligence collective se mettre en œuvre. Et aussi que tout le monde puisse voir que même les enfants ont des bonnes idées.
Après plusieurs mois, comment vivent les cours Oasis au jour le jour ?
Les retours des utilisateurs sont très positifs. Les enseignantes soulignent le fait que les enfants sont plus calmes dans la cour. Il y a moins de tensions entre eux, car la diversité des activités et des espaces permet à chacun de trouver sa place. Les enfants sont ravis et ne voudraient surtout pas revenir à l’ancien modèle de cour goudronnée. Les parents adhèrent également au projet, car ils voient que leurs enfants s’épanouissent dans cet espace. Les services techniques et les espaces verts veillent à l’entretien de la cour, et ne remontent pas de difficulté particulière ni de surcharge de travail.
Que diriez-vous à d’autres communes tentées par les cours Oasis ?
“Lancez-vous, car le résultat est là !” Nous avons réalisé deux cours Oasis sur la commune (écoles Quatre Saisons et Manureva), et celle de l'école Anne Frank verra le jour cet été. Les enfants s’épanouissent dans une cour agréable et qui n’accumule pas la chaleur comme nos anciennes cours goudronnées. Chacun doit chercher à développer des espaces de fraîcheur. À noter qu'actuellement, il est possible d’obtenir des subventions qui font sensiblement baisser le coût pour les communes.
Un fait qui vous a marquée ?
Ce qui m’a le plus touchée en observant les enfants dans la cour, c’est qu’ils jouent beaucoup plus ensemble et surtout, qu’ils développent leur imaginaire en se créant des histoires et des jeux de rôle. J’ai aussi été surprise de voir qu’ils respectaient beaucoup plus les plantations qu’avant. Et le travail avec le CAUE les a sensibilisés aux espèces d'arbres locaux.
Plus globalement, comment parleriez-vous du CAUE à un élu qui ne le connaît pas ?
L’accompagnement du CAUE est un vrai plus pour mener à bien un projet de cour Oasis. Ils apportent une véritable expertise et parviennent à fédérer tous les acteurs éducatifs autour du projet. Ils mènent des ateliers avec les enfants, le personnel éducatif de l'école (directrice, enseignantes, périscolaire, Atsem, personnel d'entretien), les élus, services de la commune, représentants des parents d'élèves ! Cela permet de lever les éventuelles réticences. N’hésitez pas à les contacter !