Le CAUE 91 a visité la nouvelle salle des fêtes de La Norville, inaugurée au printemps 2023, conçue par les cabinets d’architectes Figures et Depeyre+Morand. Implantée en bout de ville, ce petit équipement municipal à usage polyvalent se distingue par la qualité de sa conception et de sa mise en œuvre. Une salle des fêtes inspirée et peu banale.
La commune de La Norville manquait d’une salle des fêtes pour abriter les petits et grands événements de la vie de ces quelques 4000 habitants (mariages, anniversaires, baptêmes, événements festifs municipaux ou associatifs...). En 2020, avec l’aide de subventions du Département et de l’État, elle lance une consultation de maîtrise d’œuvre et retient les architectes Figures et Depeyre Morand pour concevoir l’équipement tant attendu.
L’emplacement choisi pour la nouvelle construction se situe à l’est de la ville, à la limite des bois et des champs. Derrière le centre technique municipal, le gymnase, des tennis couverts, un city-stade et deux antennes relais, il y a un ancien terrain de football désaffecté. Le premier riverain est à plus de 500m ; les nuisances liées à l’utilisation joyeuse mais potentiellement bruyante de la salle seront donc limitées.
Ce choix d’implantation, courant dans les campagnes franciliennes, est pourtant quelque peu difficile. Comment concevoir en effet, dans un environnement aussi hétéroclite, un équipement avec un “supplément d’âme” qui dépasse l’architecture banalisée des salles polyvalentes / gymnases / hangars à tout faire ? Voilà le défi relevé avec mesure par l’équipe d’architectes de la salle Rosa Bonheur de La Norville.
Le bâtiment se présente comme une grande halle, de base carrée, avec un socle en béton, une toiture en zinc et une charpente en bois. Ces volumes sont simples et leur compréhension évidente. Au centre, le volume plus haut abrite la grande salle. Au nord et au sud, les volumes plus bas abritent tous les locaux qui la servent (entrée, réserve, vestiaires et sanitaires publics au nord ; office de réchauffage, bar, vestiaires traiteur et locaux techniques au sud).
L’ensemble dégage une impression de familiarité par sa silhouette et son organisation. Il évoque la vieille halle de marché d’Arpajon, toute proche, ou de façon plus inattendue une villa palladienne. Ce n’est évidemment pas un hasard, et la visite nous confirmera cette impression (de même qu’on notera une appétence certaine des architectes pour les jeux de symétrie et de proportions). Tout a été très soigneusement dessiné, avec un souci du détail rare pour ce type d’équipement.
Les architectes ont été à l’écoute de leur maître d’ouvrage qui souhaitait une salle polyvalente avec “un peu de caractère et de hauteur sous plafond” ; mieux, ils lui ont proposé une véritable salle de bal avec 5,6m sous plafond, charpente apparente, lustres, et grandes ouvertures sur l’extérieur… ou tout du moins son interprétation contemporaine, nettement plus sobre !
La salle, se présente comme un grand espace libre de 11,2m x 14,2m (sans aucune retombée structurelle) propice à toutes sortes de rassemblements. On peut y danser lors d’un mariage, y organiser une brocante, ou encore un séminaire d’entreprise.
Orientée est-ouest, la salle profite d’une belle lumière et de vues dégagées sur les bois et les champs. Des baies vitrées accordéons permettent de l’ouvrir entièrement sur ces deux côtés, prolongeant l’usage vers l’extérieur avec un parvis d’entrée côté bois et une terrasse côté champs.
L’ensemble est à la fois généreux par le potentiel des volumes et des usages qu’il offre et sobre dans son expression. Une belle recherche a été faite sur les matériaux employés. Le béton, visible à l’extérieur, a par exemple été poncé pour laisser apparaître le granulat qui le constitue. La ville ne s’attendait pas à trouver cela aussi beau et souligne le très bon travail des entreprises, particulièrement investies sur ce chantier : les bétons, la charpente et les menuiseries en chêne, la toiture en zinc pré-patiné à joint debout… tout a été réalisé dans les règles de l’art.
Les architectes ont également ponctué leur projet “d’intentions singulières” particulièrement réussies. Les poteaux en bois des deux façades principales ont ainsi été sculptés, tels des colonnes à bossage (on pense à celles, fameuses, d’Arc et Senan). Les trous de banche des murs en béton ont aussi été pris comme opportunité de projet , et bouchés par des pièces en céramiques émaillées colorées, fabriquées sur mesure. Le supplément d’âme est là. Quel bel endroit pour se rassembler.
Les infos clefs :
Salle Rosa Bonheur, 5 allée de la Croix Saint-Claude, 91290 La Norville
Maître d’ouvrage : Ville de La Norville
Maître d’œuvre : Figures architectes (mandataires), Depeyre Morand (architectes associés), BETIMECO (économiste), GINKO (Bureau d’étude tous corps d’état)
Entreprises : SFRE (VRD), DESTAS & CREIB (Gros oeuvre), GALOPIN (Couverture bardage), GOBOIS (Charpente, structure bois), SUD METALLERIE (Menuiseries extérieures Aluminium), AGD (cloisons plâtrerie, menuiseries intérieures), FELDIS LEVIAUX (peintures), DCR (Carrelage, faïence), BRUNET (CVC), SODELEC (CFO-CFA)
Programme : Construction d’une salle des fêtes à usage polyvalent. La construction comprend des espaces d’accueil, de stockage, de réchauffage et une salle pouvant réunir 100 personnes en configuration assise.
Surface : 300m² SDP
Coût : 890 000 euros HT (le projet a bénéficié de deux subventions pour sa construction : 125 000 euros, au titre de la DETR, et 315 000 euros au titre du contrat triennal auprès du Département de l’Essonne).
Calendrier : livré 2023
Distinctions : Prix d’architectures 10+1 (2023)