LE GÎTE EN BOIS ET PAILLE “BLOASIS” À ONCY-SUR-ECOLE

VISITE D'OPÉRATION

Depuis trois ans, à l'occasion des Journées Nationales de l'Architecture, l'événement Habiter Bois organisé par l’interprofession régionale de la forêt et du bois (Fibois Ile-de-France) en partenariat avec le CAUE 91, permet au grand public de visiter des projets de logements individuels qui mettent le bois à l’honneur. L’opportunité de découvrir par exemple, à Oncy-sur-École (91), “Bloasis”, une grande maison en ossature bois et isolation paille, qui regroupe un gîte pour grimpeurs et un logement du propriétaire.
Une visite instructive pour tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure de la construction bois-paille ! Le CAUE vous raconte.

La maison vue depuis la rue - Oncy-sur-Ecole - Gîte Bloasis - MOA privée/Doucet architectes
La maison vue depuis la rue - Oncy-sur-Ecole - Gîte Bloasis - MOA privée/Doucet architectes © CAUE91

Insertion dans le site / comme une cabane

Le gîte “Bloasis” se situe en plein coeur du Parc Naturel Régional du Gâtinais Français, à moins de 2 km au sud de Milly-la-Forêt et à 4 km à l’ouest de la forêt des Trois Pignons (site internationalement connu des amateurs d’escalade en Forêt de Fontainebleau). Au bout d’une impasse résidentielle débouchant sur un champ, où se côtoient des maisons principales et secondaires typiques des années 1980-90, le bâtiment se niche -telle une cabane dans les arbres - au coeur d’un terrain boisé. Aucune clôture ne délimite la parcelle depuis la rue. Le sol, qui descend en pente douce, est resté en pleine terre et inégal. Les arbres de hautes tiges (chênes) et la végétation forestière (arbustes) ont été préservés. Une noue a été aménagée sur les conseils du PNR du Gâtinais pour gérer le ruissellement des eaux de pluie sur ce terrain dénivelé. En bref, la parcelle a été ménagée plutôt qu’aménagée. Et pour ce faire, les stationnements ont notamment été regroupés directement le long de la rue. La construction “immergée dans le milieu naturel” plutôt qu’au milieu d’un jardin pourrait ainsi presque passer inaperçue, s’il n’y avait cette grande passerelle en métal et en bois qui vient nous chercher pour nous mener jusqu’au premier niveau (rendu ainsi accessible aux personnes à mobilité réduite par une pente à moins de 5 %). C’est là que se trouve l’espace de vie (terrasses et séjour), volontairement positionné comme suspendu au dessus du sol.

 

Une conception bioclimatique

Le propriétaire du gîte, ingénieur de formation et spécialiste en démarche d’éco-design, cherchait un architecte tourné vers l’éco-construction. Lorsqu’il contacte Rémi Doucet en 2018, il n’a pas encore de terrain, et imagine plutôt trouver un bâtiment à réhabiliter. La recherche prend un peu de temps. Finalement, l’opportunité d’acheter une parcelle constructible laissée en friche, à Oncy-sur-Ecole, réoriente le projet vers une construction neuve. Propriétaire et architecte réfléchissent à la meilleure implantation pour la maison, guidés par les principes du bioclimatisme et de nombreux modèles 3D. Ils vont visiter ensemble plusieurs charpenteries et s’appuient sur l’expérience d’un précédent chantier en ossature bois et isolation paille, mené par l’architecte dans l’Yonne, pour bâtir le modèle économique et technique du projet. La maison est donc positionnée au fond du terrain, le long de la limite latérale nord-ouest, dans l’alignement de la maison voisine. Cela permet de garantir l’intimité du gite, de profiter du meilleur ensoleillement pour les espaces de vie et les extérieurs, et de préserver les arbres existants (un des chênes n’a toutefois pas survécu, la distance avec la construction étant peut-être trop faible). La construction est partiellement posée sur pieux. A l’exception du demi-socle maçonné qui se glisse sous les deux étages d’habitation, tout est réalisé en ossature bois et isolation paille. Le volume de l’habitation est simple et compact, avec très peu d’ouvertures au nord mais des ouvertures généreuses au sud et à l’est. Le soleil entre l’hiver, mais l’habitation est protégée l’été par l’ombrage des arbres aux feuilles caduques. Sur les terrasses, une pergola en bois permet de déployer des canisses pour apporter un ombrage supplémentaire, et des brises soleils extérieurs à lames orientables en aluminium (BSO), intégrés aux menuiseries, complètent le dispositif.

 

Les différents espaces

Sous ses airs de grosse maison, le bâtiment combine plusieurs fonctions : un appartement pour le propriétaire et un gîte de 6 chambres destiné aux touristes grimpeurs. Puis sous la maison, des espaces de service non-chauffés (cave, cellier, atelier) et une étonnante salle d’entraînement d’escalade (35m2), aménagée récemment par le propriétaire. Regrouper tous ces espaces au sein d’une même construction compacte permettait de mutualiser les équipements et de réaliser des économies d’énergie. L’accès au gîte et à l’habitation se fait au premier niveau depuis les deux terrasses sur pilotis (la première dédiée au gîte, la seconde au propriétaire). Il n’y a pas d’entrée. On entre directement dans le séjour : une pièce partagée chaleureuse, où les occupants du gîte peuvent cuisiner et manger. Dans un coin, un poêle à pellets (granulés de bois) chauffe la maison (c’est le seul moyen de chauffage, hormis des radiateurs sèche-serviettes dans les salles de bains). Le séjour est entièrement vitré sur la terrasse qui le prolonge. Un escalier en bois permet d’accéder à l’étage, où se trouvent 5 chambres indépendantes et 4 salles de bain (une chambre complémentaire accessible aux personnes à mobilité réduite donne directement sur le séjour). L’aménagement des chambres est minimaliste : des murs et des plafonds en enduit blanc (peinture éco-labellisée) ; un beau parquet en chêne massif (commandé à une scierie près de Troyes), juste poncé et huilé ; des meubles en bois ; une décoration sans surcharge. Une petite fenêtre, avec un bel encadrement en bois, cadre la canopée. C’est intimiste.

 

Les spécificités constructives

La construction a fait l’objet d’une démarche globale afin d’atteindre un niveau passif, tout en favorisant l’emploi de matériaux biosourcés et locaux.

  • L’usage du béton a ainsi été réservé au socle maçonné (c’était d’ailleurs la partie la plus longue du chantier !).
  • Au dessus de ce socle, la maison est constituée d’une ossature en caissons bois préfabriqués et remplis d’isolant paille (37 cm de paille de blé et un pare-pluie en fibre de bois de 3 cm à l’extérieur qui permet d’obtenir un coefficient de résistance thermique (R) de 7). Une “fenêtre de vérité” permet aux curieux d’apercevoir la paille dans le séjour (sinon invisible).
  • Le propriétaire a pris l’initiative de réaliser lui-même une belle paroi en brique de terre crue le long de l’escalier d’accès à l’étage (les briques ont été achetées directement à une briqueterie à Beauvais acceptant d’en vendre des “non-cuites”).
  • Toutes les cloisons intérieures intègrent de la laine de chanvre.
  • Toutes les façades sont revêtues d’un bardage en clins de Douglas thermohuilé et posé en “faux claire voie”.
  • Les fenêtres sont en bois/aluminium à triple vitrage de fabrication française.
  • Des équipements techniques : panneaux solaires thermiques (production d’eau chaude), poêle à plaquettes, ventilation à double flux, permettent de compléter l’enveloppe et d’atteindre le niveau passif.

Chaque façade (murs et plancher) est constituée d’un unique grand panneau, préfabriqué en usine, et transporté sur le chantier via camion. Ces panneaux ont été commandés à l’entreprise percheronne Charpente Natali, à environ 100 km du site. Une entreprise locale (WCB à Milly-la-Forêt) a ensuite pris le relai pour monter l’ossature de la maison. La paille a été récoltée auprès d’agriculteurs partenaires, dans un rayon de 5 km autour de l’usine de préfabrication. La société possède sa propre moissonneuse (qui ne casse pas les tiges) et bottelle elle-même la paille (une garantie de traçabilité et de qualité des bottes). L’architecte estime que la préfabrication bois-paille est économique à condition de travailler à partir des modèles et dimensionnement standard de l’usine de préfabrication. Le coût de la maison reste en effet raisonnable (environ 3000 euro du m² habitable), avec de grands aménagements extérieurs.

 

Le retour d’expérience

Le propriétaire témoigne d’un confort idéal au printemps/automne, et d’un bon confort (très économique) en hiver. Le confort d’été est peut-être un peu moins abouti dans cette maison très isolée, en particulier au vu des épisodes caniculaires de plus en plus longs (même si la paille favorise en principe le confort d’été en raison de son bon déphasage thermique). Le propriétaire a ainsi cherché à réduire la surchauffe d’été en couvrant les pergolas pour réduire l’ensoleillement des surfaces vitrées sud-est et sud-ouest. Néanmoins, il remarque que les brise-soleils orientables ne permettent pas d’occulter toutes les surfaces vitrées et que des volets en bois auraient peut-être été plus protecteurs en cas de surchauffe. Selon lui, d’avantage d'inertie du bâtiment aurait aussi été bénéfique, peut-être par l'utilisation d’enduits de terre ou en incorporant une couche de terre crue sous le plancher.

 

Les infos clefs :

Bloasis, 12 résidence du chemin Saint-Pierre, 91490 Oncy-sur-Ecole

Maître d’ouvrage : privée

Maître d’œuvre : architecte : Rémi Doucet ; Bureau d’étude thermique : Maison économe Jérôme Blondeel

Entreprises : Caissons bois/paille : Charpente Natali ; ossature bois : WCB ; second œuvre : Bruzda

Programme : Construction neuve d’un gîte pour l’accueil de touristes grimpeurs (6 chambres privatives) ; un logement pour le propriétaire ; des annexes communes (cave, cellier, atelier) en rez-de-jardin. (Le projet a bénéficié du soutien financier de la Région Ile-de-France au titre du dispositif “Fonds pour le tourisme Investissement”, et d’une petite aide du Parc Naturel Régional du Gâtinais pour l’aménagement intérieur et pour l’aménagement paysager).

Surface : 300 m² (210m² habitables)

Coût : 650 000 euros

Calendrier : livré fin 2019 (12 mois de chantier)

Distinctions : prix “coup de coeur” du Trophée de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais (programme de l’Unesco), 2018.

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