FOYER D’ACCUEIL MÉDICALISÉ DE SOISY-SUR-SEINE

Vue depuis le parc - Foyer d’accueil médicalisé Yvonne Schwartz à Soisy-sur-Seine. ASM13 - Tolila+Gilliland architectes - Archinews © Cyrille Weiner

Une démarche exigeante

Le Foyer d’accueil médicalisé (FAM) Yvonne Schwartz se situe au coeur du site hospitalier l’Eau Vive de Soisy-sur-Seine dont l’architecture de pavillons se niche au sein d’un parc  boisé, d’une dizaine d’hectares, aux arbres centenaires. Implanté à l’emplacement d’un ancien pavillon vétuste dont l’ASM13 avait initialement imaginé la réhabilitation, le FAM s’intègre avec discrétion à l’ensemble existant en en reprenant les principaux marqueurs. La silhouette basse qui s’étire sous les arbres, les longues fenêtres en bois généreusement ouvertes sur le parc, ou encore l’utilisation de l’enduit blanc rappellent subtilement les pavillons environnants conçus dans les années 1960 par l’architecte Nicole Sonolet.

Mais c’est également dans la démarche exigeante engagée par l’atelier d’architecture Tolila+Gilliland avec les équipes médicales et les représentants de la maîtrise d’ouvrage tout au long du processus de projet, que l’on trouve des parentés avec des réflexions déjà à l’œuvre lors de la construction originelle du site hospitalier¹ : à l’approche très humaine du traitement psychiatrique (la contention y est par exemple proscrite) répond une réflexion programmatique et spatiale très précise des architectes qui lui donne corps et dont chaque détail a été débattu collégialement.

Un bâtiment simple à comprendre et à vivre pour les résidents

Le Foyer d’accueil médicalisé se décompose en deux entités :

• Une partie centrale, avec une structure en béton et une façade à ossature bois (FOB) recouverte d’un enduit blanc, par laquelle on rentre et qui regroupe les espaces communs (l’accueil, des salles d’activités ou de repos, une cuisine pédagogique, un office, des bureaux pour les soignants, une infirmerie, des salles de soin, etc.).
• Deux ailes latérales, avec une structure bois (murs et planchers en bois lamellé croisé/CLT) et des façades à ossature bois recouvertes de bardages en bois pré-grisé, qui abritent trente chambres individuelles avec salles de bains privatives.

Les différentes zones sont clairement identifiables, les couleurs sont douces, la décoration est épurée : tout est fait pour éviter de provoquer une surcharge sensorielle ou de la confusion chez les résidents. Les couloirs sont larges pour qu’on puisse facilement se croiser (certains résidents déambulent une bonne partie de la journée) et quel que soit l’endroit où l’on se trouve, il est possible de sortir rapidement dans le jardin clos aménagé à l’arrière du bâtiment si le besoin s’en fait sentir (deux escaliers extérieurs descendent depuis le 1^er étage de chacune des ailes latérales).

Des espaces intermédiaires font la transition entre les espaces de jour (collectifs) et les espaces de nuit (individuels). De belles dimensions et largement vitrés sur l’extérieur, ils ont volontairement été laissés libres à l’appropriation par les architectes. Pari réussi ! On y trouve, par exemple, un atelier peinture à un niveau où la lumière était propice, un espace de repli avec des balancelles à un autre endroit, et dans un dernier, l‘équipe projette d’installer prochainement un petit coin cosy “comme à la maison”.

La facilité d’utilisation des lieux et la sobriété de leur aménagement sont des qualités soulignées par les membres de l’équipe pluridisciplinaire qui y travaille. Ainsi témoignent-ils : “aucune pièce n’a une seule fonction, et toutes peuvent être réinventées en fonction des besoins du moment”.

Par ailleurs, si la sobriété est de mise, les espaces déploient une subtile variation de situations (ouverture/repli), de matières ou de textures (bois, béton brut, enduits blanc), d’apports de lumière naturelle (larges verrières, fenêtres, puits de lumière) et la générosité des ouvertures sur l’extérieur donnent une agréable sensation de cheminer à travers un jardin intérieur.

Un lieu de vie

Tout a été fait pour casser les codes de l’architecture de santé : ses longs couloirs et ses espaces impersonnels (le FAM n’est en effet pas une structure hospitalière). Ici, comme l’explique Gaston Tolila, “on est avant tout dans un lieu de vie”. L’architecture du nouveau Foyer d’Accueil Médicalisé pourrait d’ailleurs tout à fait convenir pour une résidence étudiante ou pour personnes âgées !

La réussite tient en partie au fait d’avoir su faire converger les différentes préoccupations en jeu : médicales, techniques, spatiales (comment concevoir des espaces adaptés ?), éducatives, médico-sociales, citoyennes (comment permettre aux résidents d’agir sur leur environnement tout en les protégeant des potentiels dangers pour eux ?), mais aussi environnementales (comment concevoir un bâtiment responsable face aux enjeux actuels ?). Aucune préoccupation ne prend le pas sur une autre.

Ainsi, par exemple, l’emploi important de matériaux biosourcés répond-il autant à des préoccupations environnementales, qu’il apporte un confort d’usage incomparable dont témoignent les familles (qui apprécient l’aspect “chalet” chaleureux des chambres où les murs et plancher en bois lamellé croisé (CLT) ont été laissés apparents), tout en convenant parfaitement aux spécificités des résidents TSA (comme l’expliquent les architectes “la moindre aspérité/irrégularité d’un mur, d’un meuble, son caractère léger, fragile peuvent être des appels à la destruction” pour ces personnes, tandis qu’un mur en bois “massif, dur, épais, solide, s’avère contenant et rassurant”).

Une attention à chaque détail

L’acoustique du bâtiment a été traitée avec un soin tout particulier : avec des panneaux acoustiques dans les parties communes, la mise en place d’une triple-feuille pour les planchers CLT et l’insertion d’une couche en fibre de bois entre les deux panneaux CLT qui séparent les chambres. Quel calme ! La cohabitation entre les différentes activités des résidents (parfois hypersensibles au bruit) s’en trouve facilitée. On a pu tester, le confort est indéniable. Et le cadre de travail agréable pour l’équipe (c’est rare).

La visite nous aura permis d’observer que chaque détail a fait l’objet d’une préoccupation attentive de la part des architectes. On regrettera donc l’attitude frileuse de l’ARS qui a imposé après la livraison du bâtiment, au regret des familles et des personnels, d’installer des films transparents sur les fenêtres de toutes les chambres, par crainte peut-être face à cette conception généreuse à revers des standards hospitaliers ?

Les infos clefs :

Foyer d’Accueil Médicalisé Yvonne Schwartz
6 avenue du Général de Gaulle, 91450 Soisy-sur-Seine

Maître d’ouvrage : Association de Santé Mentale du 13ème arrondissement (ASM 13)

Maître d’œuvre : Tolila + Gilliland architectes, IGREC Ingénierie (BET TCE)

Programme : Construction neuve d’un foyer d’accueil médicalisé (FAM) pour adultes atteints de troubles du spectre autistique.
30 logements T1, 1 accueil, 1 pôle de soin avec pharmacie, 3 bureaux des médecins et infirmiers, 2 grandes salles polyvalentes, 7 salles d’activités, 1 cuisine pédagogique, 2 offices, 7 “espaces de transition” investis par les usagers , 1 jardin avec coin jeux et coin détente.

Surface : 1 386 m²

Coût : 3 900 000 € HT

Calendrier : livré 2022